Le Gros Peuplier

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Les relations de groupe

dimanche 25 juin 2006, par Hubert

Notre relation avec les autres est quotidienne, au travail, en famille, entre amis,etc... Quelle est notre place dans chaque groupe, en comment voit-on les autres ?

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE FONCTIONNEMENT D’UN GROUPE

LEADER

Il y a souvent "fabrication" du leader ou du contre-leader par le groupe, même pour celui qui fonctionne pour son propre plaisir. Il y a convergence d’intérêt entre le groupe et la personne. Par exemple une personne a envie de se mettre en valeur en restant silencieuse, le groupe le laisse faire, il est satisfait de faire cette expérience, il y a interaction entre le groupe et l’acteur. Le leader résout le problème du groupe ou un besoin, c’est un jeu de pouvoir et de désir.
Moreno parle de surséléction affective, si le leader provoque une captation affective vers lui il peut engendrer une frustration des autres. Si il y a identification au chef il peut de la même manière soit être admis ou être rejeté suivant la représentation du chef de chaque individu.
La difficulté dans un groupe vient de l’existence d’un leader unique, c’est souvent le signe d’un problème d’animation, car le rôle d’un animateur serait de donner une place équivalente à chacun des acteurs, donc d’avoir une certaine "démocratie" dans un groupe en organisant un pouvoir tournant et éviter la monopolisation.
Dans une formation où on décide de mettre en évidence ce genre de phénomènes (réunion centrée sur le groupe-problème ou sur le groupe) il faut être très prudent dans l’analyse, si on en parle trop tôt, il n’y a plus émergence et même quelquefois refus du rôle. Surtout si on a affaire à un leader du 3é groupe (pour sa stratégie personnelle) la mise à nu peut être considérée comme "degeulasse", c’est le mettre à genoux. Il est préférable d’attendre et de faire apparaître le phénomène comme une évidence et non comme révélation.

- NOTION DE COHÉSION DANS UN GROUPE
C’est un élément constructif et constitutif indispensable du groupe. L’opératoire permet par son effet régulateur d’être source de cohésion.
L’affectif joue un rôle important à ce niveau, il y a création d’un conformisme commun par le langage, la complicité entre les membres, la place de chacun, on accepte de jouer le jeu ensemble..
Le journal apparaît comme un élément constitutif de la cohésion du groupe, on accepte de parler de nous, de la façon dont on vit ensemble. Mais il place aussi un membre en position de leader institutionnel, avec un droit à la parole qu’il n’aurait peut être pas pris sans lui, ce qui est toujours perçu avec une certaine méfiance surtout si c’est présenté avec insistance par les animateurs... Ceci est a relier avec la notion de conflit qui est toujours rejeté par un groupe, le conflit étant générateur de mort dans l’inconscient.

- DÉVIANCE

Un groupe a besoin d’un déviant, s’il n’a pas de déviant, il n’a pas de frontière, de limites.
- Celui qui parle trop ou pas assez.
- Celui qui travaille pas ou en fait trop.
- Celui qui est insupportable ect...
Dans un stage un stagiaire avec beaucoup d’agressivité :" Je ne peux plus supporter ton silence "
Là encore il ne faut pas analyser trop vite, il est nécessaire de résister à l’angoisse de l’animateur, avoir un comportement serein permet de dédramatiser, la non conformité est un phénomène normal dans une réunion.
Le déviant c’est celui qui a le courage d’aller aux frontières, si "on tire trop vite" c’est peut être se priver de créativité, ceci permet de valoriser le non-respect de la règle. Il est a la limite du normal par dépassement de soi, il résout le problème du groupe et satisfait ses propres besoins existentiels.
Le déviant peut être celui qui "cartonne" l’animateur, là il a danger de se laisser entraîner, l’animateur reste celui qui autorise ou refuse le déviant. On doit élucider (autorégulation accompagnatrice par élucidation), mais il faut mettre en garde
les futurs formateurs de ne pas en faire un objet de transfert vers leur propre formation.
Le conformiste est celui qui ne supporte pas le fait d’être différent, anormal. IL y a ambivalence entre le besoin d’être normal, mais c’est inacceptable parce que je n’existe plus, le risque de la déviance est vital et mortel en même temps.
La vrai normalité c’est l’acceptation de cette ambivalence, être dans les normes que dans la différence, avec comme le dit PIAGET un problème d’équilibration permanente. Il n’est pas évident d’avoir besoin d’être normal et différent , d’avoir son identité propre et une identité par rapport à l’autre (risque de la perdre www ). Un même objet est à la fois bon et mauvais, en référence à la période infantile (mère objet de plaisir et de frustration), un animateur est lui même protecteur et frustrant, renforce l’affectivité et réveille des agressivités par frustration, ne pas privilégier ni l’un ou l’autre, mais utiliser la dialectique et complexification. L’utilisation de la frustration conduit à l’intervention de type thérapeutique ou au groupe d’évolution, c’est souvent fantasmatique dans un groupe mais être généré par une distance trop grande ou en restant sans dire. On forge son moi et en parallèle son idéal du moi il y a combinaison des désirs.

- RÉSISTANCE AU CHANGEMENT

C’est en fait, la manifestation de l’attachement à la cohésion, changer c’est perdre la sécurité, c’est une aventure qui comporte un risque (le vrai déviant il faut que le groupe le "vire")
Par exemple dans une famille le malade c’est lui qui peut permettre à chacun de vivre, si on le soigne, c’est les autres qui deviennent malades, il y a résistance forte on changement..
La crise permet de faire un pas que convenance du respect des règles, mêmes implicites, ne permet pas de franchir, ceci, bien sûr nécessite élucidation sinon, on risque de tomber toujours dans les mêmes ornières (cercle vicieux).
Un groupe devant une décision est toujours embarrassé, il va toujours revivre cette situation avec angoisse jusqu’au moment où cela va conduire à un "clash". Ce conflit permet l’élucidation qui ne doit pas venir trop tôt, pas trop tard non plus, car le groupe refusera que l’on ouvre la plaie (fantasme de fermeture), mais il faut traiter pendant que la plaie est encore ouverte.

- NOTION DE CONFLIT (tension, conflit latent)

Le conflit est générateur de vie et de mort, donc il suscite un besoin existentiel et une peur en même temps. Il est ressenti par certains dans un groupe, comme un risque insupportable et permet pourtant de ne pas stériliser les choses, la déstructuration est nécessaire.
Dans ces périodes, l’animateur ne doit pas avoir peur des régressions, (utilisation d’instruments plus frustres, paroles, menaces, rapport de force, blessure morale, mode enfantin, ou bestial, passage à l’acte, gestes brutaux). Il ne faut pas prendre
partie pour ne pas mettre d’huile sur le feu, c’est souvent un jeu entre les leaders.

- DÉSIR ET IDENTIFICATION

Il y a désir de s’approprier l’autre, de le posséder, désir d’être l’autre en consommant, en s’appropriant ses vertus. (On se fait absorber)
Ce désir est insoluble en restant soi-même, il y a ambivalence pour le leader, qui doit s’ajuster en permanence. (co-identification entre le groupe et lui ou entre groupes) ceci est interactif, mouvant, la combinaison permet l’équilibration.
LACAN explique qu’il n’y a de désir que du désir de l’autre.

- RÉGRESSION COLLECTIVE

Les enfants jouent aux adultes, les adultes jouent aux enfants (vacances, fêtes, club Med) ANZIEU
D’après Freud les exemples de régression collectives sont nombreux, la foi, l’armée, la formation ?, le sens n’est pas négatif, et permet de retrouver la spontanéité, de baisser la garde, de retrouver une certaine naïveté.

- LE TRANSFERT

Il permet de revivre un rapport déjà vécu, souvent parent enfant ou élève maître ect.. Ne pas contrer, résister, s’opposer sur le même registre (contre transfert)
L’enfant a des besoins naturels, des manque, des insatisfactions qui conduisent au désir de l’objet qui réduit l’insatisfaction et pas le manque. C’est un sorte de jeu fantasmatique qui engendre une frustration.
En animation il serait souhaitable d’agir par sublimation, réduire l’insatisfaction sans se procurer l’objet (l’enfant qui veut tuer le père, va déchirer une image auquel il tient), il y a transformation.