Le Gros Peuplier

Accueil > Alice > En hommage à Alice > Témoignage de Nicole Cretin

Témoignage de Nicole Cretin

samedi 24 juin 2006, par Hubert

Une affiche "Appel aux intelligences" nous interpelle, une voisine qui m’a entrainée à la chorale de l’Ecole de Musique, et moi. Quelques jours plus tard, un article dans La Montagne répond un peu à ma curiosité. On y parle de réseau d’échanges de savoirs. Nous décidons d’aller écouter la conférence qui est organisée à Bellerive.
Là une assistance nombreuse fait connaissance de Claire Héber-Suffrin qui a eu l’idée des réseaux d’échanges de savoirs. Avec son enthousiasme, son don de persuasion elle en convainc ce jour-là plus d’un, dont les deux amies qui m’avaient accompagnée et moi.

A la fin de son intervention, une dame aux cheveux blancs passe parmi nous avec un papier. Elle nous dit : "Ecrivez ce que vous pouvez offrir et ce que vous souhaitez apprendre". Je note : offre, sténo ; demande, mémoire. Et peut-être autre chose, j’ai oublié. Nous sommes en novembre.

Fin janvier, un coup de téléphone : "Bonjour, je suis Alice Couzinet et j’organise à partir de demain un atelier mémoire. Pouvez-vous venir ?" Prise de court, je réponds : "Je regrette mais je ne vais pas pouvoir". Alors j’entends ces deux mots qui ont changé le cours de ma vie : "C’est dommage !"

Je ne sais ce qui est passé dans ces mots, mais ils m’ont tellement remuée que je me suis dit il faut que je me rende libre et que j’assiste à cet atelier.

Ce qui fut fait. J’avais mis le doigt dans l’engrenage. Assez vite, j’ai proposé à Alice de l’aider. J’ai appris qu’elle finançait elle-même timbres, papier, etc. nécessaires.

Eh oui, elle avait démarré les échanges depuis déjà quelques mois. Comment était-elle arrivée à mettre sur pied ce réseau ? Elle était Citoyen du monde, entre autres actions qu’elle avait menées, et elle souhaitait accomplir quelque chose de concret.

Un jour, nous a-t-elle raconté, j’ai trouvé un prospectus qui parlait de cela. J’ai bien lu et je me suis demandé : comment créer un réseau. Il était écrit dans ce prospectus : en le créant ! Alors Alice s’est attelée à la tâche, elle a contacté le réseau de Riom et a été voir comment cela fonctionnait. Et c’était parti. Nous nous retrouvions tous les samedis après-midi pour les diverses tâches nécessitées par le fonctionnement, entre autres un mini-journal qui était donné à tous les participants.

Nous avons fonctionné ainsi pendant une année. Pendant cette période, un patchwork a été confectionné dans la maison d’Alice. Il nous a accompagné dans de nombreuses manifestations et il symbolise bien ce qu’est un réseau : l’assemblage de personnes différentes qui ensemble font quelque chose de magnifique. N’hésitez pas à lire ce qu’Alice à écrit et qui figure à côté du patchwork.

Puis nous avons eu envie d’avoir un local à nous parce que ce n’était pas facile. Entre-temps Alice est tombée malade. J’étais bien triste car nous avions noué une amitié assez exceptionnelle. Pendant son hospitalisation, nous avons commencé à chercher des locaux avec Janine Lamousse. Alice s’est remise et nous avons jeté notre dévolu sur le 7 rue Voltaire. L’électricité était à refaire, la peinture aussi. Pour ce dernier travail, Guy est entré en scène. Ce furent ses débuts au Réseau. Le Conseil Général avait été sollicité et il était d’accord pour que nous mettions en place un atelier textiles destiné aux bénéficiaires du R.M.I. Etre en association était nécessaire et ce fut chose faite le 16 novembre 1992.

Nous avons fait un stage de peinture sur tissus à l’Université indépendante pour ajouter cette discipline à notre atelier textiles.

Parallèlement, les échanges se sont organisés. Notre atelier textiles ne fonctionnait pas très bien. Heureusement, nous avons eu la possibilité assez vite de transférer l’aide du Conseil Général sur toutes les activités du Réseau, en continuant à nous occuper des r.m.istes.

Voilà pour le démarrage. Ce que je voudrais dire surtout c’est la convivialité qu’Alice apportait chaque jour : gâteaux, café étaient incontournables. Tant pis pour la ligne.

Alice a participé à des stages d’écriture à Evry afin d’apporter cette discipline au Réseau. Elle s’intéressait à beaucoup de choses : les universités d’été organisées par le MRERS., la convention des droits de l’enfant. Après avoir participé à une réunion sur ce thème à Paris, nous avons essayé de faire un réseau enfants. Mais les enfants ayant de nombreuses activités, nous n’avons pas continué longtemps.

Je voudrais aussi rappeler son sens artistique et ses idées formidables qui au quotidien donnait de la vie au Réseau.

Quelques exemples : le stand du réseau à l’A.G. d’Angoulême en forme de source thermale. C’était magnifique. Les échanges loups-phoques de St. Genis Laval. Et l’A.G. de ’Vichy qui restera pour toujours un grand souvenir à tous ceux qui y sont venus et à laquelle elle a apporté son talent. Souvenons-nous de la grande banderole qui annonçait la manifestation à l’entrée du Centre Omnisports.

Elle était de tous les événements : elle ne manquait pas une sortie, pas une soirée, elle était présente au réseau tous les jours.

Je voudrais dire aussi qu’elle m’a fait connaître des personnes formidables comme Bernadette et Peter, Anna, Marianne Charlot, Catherine Lamousse, Nathalie Perrus. Elle m’a fait connaître sa famille qui m’a accueillie avec toute la convivialité qui est, je crois, propre à cette famille